access_time published 22.11.2019

Le trouble de la personnalité borderline dans le film Girl Interrupted

Blert Berdynaj
Loana Galli-Merle
Sara Hernandez
Gabriel Thorens
Gerard Calzada

Film analysis

Le trouble de la personnalité borderline dans le film Girl Interrupted

22.11.2019

TRAME

Avril 1967, Susanna Kaysen, 18 ans, est internée dans l’hôpital psychiatrique de Claymoore sur recommandation d’un ami de ses parents, après avoir fait une tentative de suicide. Les médecins de l’institution lui diagnostiquent un trouble de la personnalité borderline.

Lors de son internement, Susanna crée des liens d’amitié avec d’autres jeunes femmes hospitalisées. Elle fait la rencontre de Lisa, une patiente avec un trouble de la personnalité antisociale qui entrainera notamment Susanna à arrêter son traitement. Pendant son séjour, un ami vient lui rendre visite et lui propose de s’évader avec lui, ce dernier ayant été appelé au combat pour la guerre du Viêt Nam. Susanna refuse. Quelque temps plus tard, Lisa convainc Susanna de s’échapper de l’hôpital. Elles passent la nuit chez Daisy, une autre patiente ayant récemment obtenu sa permission de sortie de l’hôpital. Suite aux propos tenus par Lisa par rapport aux désirs incestueux du père de Daisy à son égard, cette dernière se suicide par pendaison dans la salle de bain. Susanna la retrouve le matin et en demeure fortement affectée, contrairement à Lisa qui lui dérobe son argent avant de s’enfuir. Susanna reste et appelle les autorités. Après ce drame, elle décide de retourner à l’hôpital. Dans les semaines suivantes, Susanna accepte de suivre son traitement y compris les séances avec le thérapeute qui semble avoir un effet positif sur sa maladie. Grâce à cela, sa sortie de l’hôpital est envisagée pour bientôt. Entre temps, Lisa est réhospitalisée et apprend la sortie à venir de sa camarade, ce qui la met en colère. Elle décide de se venger en lui volant son journal intime et en le lisant aux autres filles de l’hôpital. Susanna les surprend et c’est alors qu’éclate une violente dispute entre ces dernières. En effet, Susanna, poussée à bout par Lisa, lui annonce qu’elle ne s’en sortira jamais, car au fond son cœur est froid et que par conséquent elle est déjà morte. Lisa est terriblement affectée par ces mots et s’effondre. Après cette dispute, la protagoniste reçoit l’autorisation de sortir, mais elle décide tout de même de rendre visite à son amie pour lui dire au revoir. Susanna quitte l’hôpital et le spectateur est alors informé que la plupart des autres filles finiront par sortir dans les années qui suivent. Dans le taxi pour rentrer chez elle, Susanna pense à son internement et au fait qu’elle ne comprend toujours pas vraiment pourquoi elle a été hospitalisée (1).

CONTEXTE HISTORICO-CULTUREL DU FILM ET DE LA PSYCHIATRIE

Le film est tourné aux États-Unis en 1999, mais l’intrigue se déroule en 1967. Il est donc intéressant de décrire le contexte historico-culturel de la psychiatrique des années 60 afin de comprendre l’ambiance du film. Le spectateur saisit que le film se déroule dans les années 60 grâce aux allusions faisant référence à cette époque. Par exemple, la photographie de Robert Kennedy, l’annonce du meurtre de Martin Luther King à la télévision et l’appel des soldats pour la guerre du Viêt Nam.

Le fait que ce film relate une histoire se passant dans les années 60 n’est surement pas anodin. En effet, cela met en lumière la difficulté pour cette jeune femme de construire sa propre identité dans une société elle-même en redéfinition et tiraillée par deux courants principaux. D’un côté, une Amérique qui fait rêver avec la possibilité de prospérer et de vivre « the American way of life » et de l’autre, la contestation et la rébellion des « exclus ». Il est donc intéressant de mettre en relation ce contexte avec le comportement ambivalent de Susanna tiraillée entre deux possibilités : suivre ou ne pas suivre les règles de bonne conduite. Dans les années 50, la psychiatrie connaît un nouveau courant avec la découverte de molécules chimiques psychotropes utilisées pour le traitement des états psychotiques. Cette découverte mènera à l’utilisation massive de médicaments dans les décennies à venir (1). Ce courant de la psychiatrie est très fortement représenté dans le film et joue un rôle majeur dans le traitement des maladies des jeunes filles hospitalisées. En effet, la distribution systématique de médicaments aux patientes est très clairement dénoncée. C’est ainsi que s’installe un véritable trafic de médicaments entre les patientes qui les consomment ainsi selon leurs préférences personnelles avec les risques que cela comporte.

LA PSYCHOPATHOLOGIE REPRÉSENTÉE DANS LE FILM

L’hôpital de Claymoore abrite de nombreuses patientes toutes atteintes de troubles différents. Susanna est diagnostiquée avec un trouble de la personnalité borderline à son arrivée à l’hôpital. Elle y fait la rencontre de Lisa, diagnostiquée de trouble de la personnalité antisociale. Le film tourne autour des relations entre les patientes ainsi que leur évolution. Il illustre un trouble de la personnalité borderline de manière plutôt subtile et permet aux spectateurs d’appréhender pour un patient la complexité que de comprendre et gérer sa maladie.

Grâce aux différentes scènes, il est possible de voir certains aspects diagnostiques du trouble de personnalité borderline. Par exemple, le mode de relations interpersonnelles instables et intenses caractérisé par l’alternance entre des positions extrêmes d’idéalisation excessive et de dévalorisation (2) est représenté à plusieurs reprises. Lorsque Susanna se dispute avec l’infirmière et l’insulte puis la prend dans ses bras pour se confondre en excuses plus tard. Ou encore, à la fin du film lorsqu’elle se dispute violemment avec Lisa, mais finit par aller la voir dans son lit et lui mettre du vernis à ongles. De plus, lors d’un rendez-vous avec sa psychiatre, Susanna énonce clairement le terme « ambivalence » qui caractérise exactement ce mode de relation. Concernant la peur de l’abandon, il est difficile de dire que ce critère est clairement représenté dans le film. Cependant, au travers de la relation avec Lisa, à laquelle elle s’accroche bien que toxique pour elle, un élément pourrait le suggérer. En effet, lorsque Lisa quitte l’hôpital, Susanna ressent quelque chose de fort et c’est à ce moment-là qu’elle reprend son traitement de manière abusive, comme pour se raccrocher à tout prix à quelque chose. Toutefois, plus qu’un effort effréné pour éviter l’abandon, cela pourrait plutôt être perçu comme une sorte de rechute dans les comportements à risque, car la reprise de son traitement est directement liée à une forte émotion et non à une réelle envie de se soigner. Le critère diagnostique du comportement à risque est également représenté par la tentative de suicide qui la mènera à l’hôpital au début du film. À plusieurs reprises, le spectateur est amené à comprendre le sentiment de vide ressenti par la protagoniste. En effet, lorsque la psychiatre lui demande comment elle se sent au début du film, elle lui répond « je ne sais pas ». Comme si elle ne ressentait rien ou qu’elle ne pouvait pas le décrire. De plus, elle fait part d’un vide intérieur lors de son retour de fugue lorsqu’elle dit « je ne ressens plus rien ».

En outre, la question de l’impulsivité est sans doute un des éléments majeurs abordés dans ce film. Effectivement, c’est en premier lieu la raison pour laquelle l’héroïne se retrouve internée dans un hôpital psychiatrique. Celle-ci peut se traduire par sa conduite déraisonnable et autodestructrice. Notamment dans les situations de stress où elle aura tendance à rapidement se sentir dépassée par les évènements et agir par exemple en ingurgitant le flacon entier d’aspirine. Cette impulsivité se retrouve également dans ses relations avec les hommes où Susanna a la capacité d’entretenir des rapports avec son ancien petit ami pendant la journée tout en séduisant le soignant de garde le soir même. La représentation du trouble borderline dans le film Girl interrupted est relativement proche de la réalité et met en lumière ces différentes caractéristiques, mais de manière assez subtile.

LES REPRÉSENTATIONS SOCIALES

La maladie et les patients psychiatriques

Le film se déroule principalement dans un établissement psychiatrique. Cet univers nous permet d’avoir un aperçu global de plusieurs troubles illustrés par différents personnages. Cependant, un seul personnage incarne véritablement le trouble de la personnalité borderline : Susanna Kaysen. L’héroïne donne aux spectateurs une image attendrissante et attachante, loin du stéréotype caricatural et stigmatisant de la patiente dangereuse internée en psychiatrie à cette époque. Rapidement après sa tentative de suicide à l’aspirine et à la vodka, elle s’entretient avec un psychiatre ami de ses parents et lui explique qu’elle n’arrive pas à définir comment elle se sent ni à lui faire comprendre sa perception des choses, comme si sa réalité était différente de celle des autres. Elle en arrive à justifier son acte en décrivant des symptômes de type dissociatifs tels que les os de sa main qui disparaissent et réapparaissent ou encore les lois de la physique qui se suspendent un instant.

C’est de cette manière qu’est introduit le trouble borderline, la limite entre le normal et le pathologique qui semble se confondre dans l’esprit de la jeune femme. Tout au long du film, Susanna est face à l’incompréhension de l’image d’elle-même, si bien qu’à la fin, elle n’explique toujours pas sa condition, mais semble l’accepter, ce qui lui permet de retourner vivre en communauté avec les autres. Elle semble également incapable de se projeter dans le futur, lors d’un de ses nombreux flashbacks, elle est convoquée par la directrice de son école, car elle serait l’unique élève à ne pas avoir postulé dans une université, une décision socialement peu acceptée dans les années 60. D’autre part, cette perturbation identitaire l’amène à enfreindre le règlement et aller consulter son dossier médical, sous l’impulsion de son amie Lisa, dans l’espoir de faire la lumière sur qui elle est, ou du moins, comment elle est perçue par les autres. Les relations interpersonnelles de Susanna sont représentées comme étant instables, notamment avec Lisa qu’elle idéalise intensément lors de son arrivée et qui l’influence à ne pas prendre son traitement médicamenteux ou encore à fuguer du centre. Néanmoins, il s’agit d’un rapport ambigu entre les deux personnages, car elle lui révèle avant de quitter l’établissement que personne ne se soucierait de sa mort, mais qu’elle souhaiterait tout de même la revoir après sa sortie. L’impulsivité de ses relations amoureuses l’amène à avoir de nombreuses liaisons et découvrir le terme de « promiscuité » inscrit dans son dossier médical. Toutefois, il se pourrait que le fait que les psychiatres usent de ce terme pour caractériser ses relations relève plus d’un jugement moral influencé par le contexte de l’époque que d’un réel comportement pathologique.

Enfin, la manière dont le trouble est mis en scène laisse de l’espoir au spectateur quant à la rémission de Susanna. En effet, après un an passé à Claymoore elle retourne mener sa vie au côté de sa famille, donnant l’impression que le trouble a évolué favorablement.

D’autres films représentent le trouble de la personnalité borderline tel que 37°2 le matin (1986) qui met en scène une relation amoureuse passionnée avec une jeune femme atteinte du trouble. Dans ce film, le côté incontrôlable autodestructeur est beaucoup plus marqué et s’intensifie tout au long du film. De même, La tête haute (2015) représente le trouble de manière un peu plus violente, cette fois chez un jeune garçon dans un contexte récent, ainsi que sa prise en charge multidisciplinaire (3).

Les soignants et les médecins psychiatres

Susanna est entourée par toute une équipe de soignants supposée la soutenir, mais ils ne sont pas tous impliqués de la même manière dans ce processus. Tout d’abord, l’infirmière Valérie est celle qui semble prendre son rôle le plus à cœur avec une volonté sincère d’accompagner sa patiente. Elle fait preuve de bienveillance et de modération avec la capacité de recadrer la jeune fille tout en restant compréhensive et relativement proche d’elle. Ainsi, elle réagit lorsqu’elle voit la protagoniste se laisser aller après le départ de Lisa en la jetant dans une baignoire d’eau froide pour la stimuler, induisant une réponse violente accompagnée de propos racistes de la part de cette dernière. Cependant, l’infirmière ne se laisse pas faire et au contraire, elle en profite pour lui montrer qu’elle l’a parfaitement bien cernée et qu’elle n’a rien à faire dans cette institution. Elle lui explique clairement qu’elle seule peut se donner les moyens d’en sortir. En effet, lorsque Susanna retourne à l’hôpital après sa fugue, c’est à Valérie qu’elle se confie, et pour la première fois elle s’exprime sincèrement sur sa difficulté à s’intégrer dans la société. En outre, elle justifie la tentative de se faire du mal physiquement par le fait qu’elle souhaitait apaiser son mal-être intérieur. C’est grâce à cette révélation que l’infirmière l’encourage à s’ouvrir à son psychiatre afin que la psychothérapie puisse être menée à bien.

Melvin incarne l’un des psychiatres de Claymoore. Il est une caricature absurde du soignant qui se contente de poser des questions futiles sur un même ton monotone sans vraiment s’intéresser aux réponses. À défaut d’aider Susanna, il va plutôt l’irriter. Elle le lui fait savoir en lui disant que personne ne sait ce qu’il fait dans cet hôpital. Néanmoins, c’est lui qui pose le diagnostic de trouble de la personnalité borderline. Effectivement, il organise une séance familiale qui se solde par un échec, avec la mère qui fond en larme à l’annonce d’une éventuelle prédisposition familiale de la condition de sa fille et l’agacement du père qui semble uniquement préoccupé par les aspects financiers et sociaux. Le spectateur est confronté à une pratique psychiatrie de l’époque, qui tend à annoncer le diagnostic aux proches en excluant le patient. C’est ainsi que Susanna se retrouve en quelque sorte mise à l’écart de la séance tout en étant physiquement présente, assise dans le coin.

Enfin, Dre Wick est également une psychiatre de l’institut. Elle est représentée de manière moins stéréotypée que le docteur Melvin. Son rôle de soignant est amené à changer entre le début et la fin du film. Elle rencontre pour la première fois l’héroïne, après qu’elle ait drogué l’infirmière de garde et séduit un soignant, et lui demande son ressenti par rapport à l’évolution moins rapide de ses progrès. C’est à ce moment-là que Susanna emploie le terme « ambivalent » qui amène la psychiatre à le lui expliquer et lui montrer la définition. Cependant, la relation demeure quelque peu conflictuelle, car la jeune femme semble vouloir s’opposer à coopérer ce qui déplait fortement au Dre Wick. En revanche, à la fin du film, la protagoniste comprend qu’il est dans son intérêt de rétablir le dialogue avec sa soignante afin de quitter cet endroit et se décide à lui confier ses pensées. La psychiatre se montre alors plus en lien et bienveillante à l’égard de la jeune femme.

C. LE SYSTÈME DE SOINS

Le système de soins qui est dépeint est celui des années 60. La psychiatrie, comme le reste de la médecine, présente un côté très paternaliste, très expert. « Le patient ne doit rien savoir, il ne pourrait pas comprendre de toute façon ». Ce courant va de pair avec la non-communication du diagnostic au patient, comme mentionné plus haut. De plus, les patients reçoivent systématiquement des médicaments qui leur sont imposés, parfois avant même d’avoir consulté un psychiatre, comme c’est le cas pour Susanna. Bien entendu, les patients ne sont pas au courant du traitement qui leur est administré, on leur dit que ce sont simplement des somnifères et des laxatifs. Il n’est pas question pour les patients de poser des questions, d’émettre des doutes ou pire de refuser ces médicaments sous peine de représailles. L’inefficacité de ce système est pointée du doigt, notamment par la facilité des patientes à ne pas prendre leurs médicaments, mais à les détourner pour une utilisation autre.

Le spectateur découvre des patientes avec une multitude de troubles différents qui, on le sait aujourd’hui, ne nécessitent pas forcément un internement. Dans cette société où la différence n’était pas acceptée, toute déviance de la norme était donc considérée comme pathologique et les personnes se retrouvaient souvent internées et exclues de la société.

Aujourd’hui, le traitement principal du trouble de la personnalité borderline est la psychothérapie. Or, Susanna est placée en hôpital psychiatrique pendant une année et reçoit d’office un traitement médicamenteux. Auparavant, on pensait qu’une personne malade ne pouvait absolument pas participer au fonctionnement de la société, il fallait donc l’isoler. Cependant, le risque de décrocher de la réalité et notamment du système scolaire est très élevé, car l’hôpital devient un lieu de vie protégé ne représentant absolument pas la réalité de la vie à l’extérieur.

CONCLUSION

Pour conclure et pour tous les raisons et exemples mentionnés plus haut, le film « Girl interrupted » est un bon support d’apprentissage concernant le trouble de la personnalité borderline. En effet, une grande partie des critères diagnostiques du DSM-5 sont représentés. Certains de manière très subtile, ce qui fait de ce film un outil d’apprentissage intéressant. En effet, dans le trouble de personnalité borderline, la limite entre la norme et la maladie est difficile à cerner et rend le diagnostic parfois compliqué. Il permet au spectateur de comprendre les difficultés liées à l’annonce d’un tel diagnostic. « Girl, Interrupted » mérite d’être visionné non seulement pour l’aspect « apprentissage de la maladie », mais également pour le jeu d’acteur, spécialement celui d’Angelina Jolie pour son rôle de Lisa pour lequel elle a obtenu un Oscar et un Golden Globe.

RÉFÉRENCES

  1. Oddoux T. Psychiatrie juvénile: Essai d’analyse basée sur le film Une vie volée de J. Mangold [Internet]. Analyses contemporaines. [cité 17 mars 2019]. Disponible sur: http://tamaraoddoux.blog.lemonde.fr/2012/04/29/psychiatrie-juvenile-essai-danalyse-basee-sur-le-film-une-vie-volee-de-j-mangold/
  2. Guelfi JD. DSM-IV-TR: manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. 4e éd., texte révisé, version internationale avec les codes CIM-10. Paris : Masson; 2005.
  3. En séance #4: la personnalité borderline [les 5 films à voir en psycho] [Internet]. Hogrefe Editeur de tests psychologiques. 2017 [cité 17 mars 2019]. Disponible sur: https://www.hogrefe.fr/en-seance-5-part-1-troubles-bipolaires-personnalite-borderline-les-10-films-a-voir-en-psycho/
  4. Virzi, J. (2019). 6 Movies That Got Borderline Personality Disorder Symptoms (Mostly) Right. [en ligne] The Mighty. Disponible sur : themighty.com/2017/11/movies-borderline-personality-disorder-bpd/ [Accessed 19 Mar. 2019].

 

Blert Berdynaj

Loana Galli-Merle

Sara Hernandez

Gabriel Thorens

Gerard Calzada

Faculté de Médecine de l’Université de Genève

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